Céphalopodes crétacés

Conclusions

L’examen des 1083 sp. du genre Pseudobelus a permis d’établir avec certitude la présence et les niveaux stratigraphiques pour les deux espèces emblématiques du genre, Ps. bipartitus et Ps. brevis ainsi que l’existence d’un morphotype à apex pincé. Ce dernier présente certaines des caractéristiques de ces deux espèces mais, faute de spécimens en nombre suffisant, n’a pu être étudié plus avant. Aucun indice probant de la présence d’autres espèces appartenant au genre Pseudobelus n’a été relevé.

 

La base du Valanginien (inférieur) voit l’expansion des grands rostres de Pseudobelus bipartitus qui va connaître son acmé dans la zone à verrucosum.

La crise biologique accompagnée de modifications paléogéographiques qui survient au sommet de cette zone à verrucosum est visible sous forme de dépôts terrigènes en de nombreux points du Bassin Vocontien sous la forme de lits argilo-marneux, ocre ou marron rouge. Ces dépôts ont certainement eu un impact non négligeable sur la faune, entrainant la disparition de certaines espèces et un bouleversement de l’écosystème.

Pour les Bélemnites du genre Pseudobelus, cette crise correspond à un moment charnière : les rostres de Ps. bipartitus diminuent en taille et en nombre. Ils sont plus graciles et moins épais, la striation augmente alors que le parasitisme disparaît. C’est le début, pour cette espèce, d’un lent déclin. Dans le même temps, on voit apparaître les premiers spécimens de Ps. brevis.

Les deux espèces vont coexister pendant tout le Valanginien supérieur. A l’Hauterivien inférieur-moyen, on ne trouve plus que Ps. brevis. Aucun spécimen de cette espèce n’a été récolté au-delà de la zone à Crioceratites duvali.

 

Les rostres du genre Pseudobelus présentent une surface plus ou moins marquée de stries et/ou de granulosités. Ces marques résultent probablement de l’empreinte des tissus vivants entourant le rostre. Elles varient généralement en intensité selon le stade de croissance : des individus juvéniles peu ou pas marqués aux adultes nettement affectés. Certains rostres sont si fortement impactés par ces marques qu’ils subissent des déformations importantes. 

Ces marques sont différentes selon l’espèce. Ps. bipartitus porte des stries longitudinales, le plus souvent très discrètes. Celles-ci s’intensifient au cours du Valanginien pour aboutir au sommet de l’étage à des spécimens plus nettement striés. Ps. brevis montre des granulosités, d’intensité variable, pouvant également être accompagnées de stries longitudinales.   

 

Les deux espèces sont très proches en termes d’indices. Elles présentent toutes deux des variations de compression et de dilatation.

La compression tend généralement à décroitre avec l’âge, les rostres s’épaississant progressivement. Au cours du Valanginien supérieur, les rostres de Ps. bipartitus évoluent vers des formes plus comprimées, plus graciles qui accompagnent la diminution de taille. Chez Ps. brevis, l’épaississement du rostre est souvent plus important antérieurement lui donnant alors une silhouette triangulaire.

La dilatation se révèle très variable selon les individus et ce dans les deux espèces. On trouve tous les stades intermédiaires du moins dilaté en « bâtonnet » au plus nettement hasté. Il n’a pas été possible d’établir un lien avec le stade de croissance ou le niveau stratigraphique.

Ces variations de compression, liée à la croissance, et de dilatation sont à l’origine d’une grande diversité dans l’apparence du rostre.

 

Cette diversité d’apparence est renforcée par des variations morphologiques au sein de chaque population. La position des rainures latérales, leur profondeur, la longueur de la partie apicale, du sillon dorsal… varient selon les individus. Ps. brevis connait en outre des formes différentes au niveau du sillon dorsal. Il arrive que celui-ci soit absent, réduit à un aplatissement ou dédoublé.

 

L’état le plus souvent fragmentaire des fossiles et le paradoxe constitué par une cohérence indiciaire accompagnée d’une variabilité morphologique individuelle, est probablement à la source des difficultés rencontrées dans la description des espèces du genre Pseudobelus.